Les Langues étrangères

Langues étrangères
  • Auteur : François de Saint-Georges
  • Compositeur : Emmanuel Bailly
  • Collection : Théâtre
  • Langue : français
  • Personnages : 4 H, 5 F
  • ISBN : 978-99959-756-2-3
  • Format : 110 × 187 mm
  • Pages : 144
  • Prix : 13,50 €
  • Sortie : novembre 2012

Les Langues étrangères, c’est l’histoire d’une présence et d’une disparition. Mais pas n’importe laquelle, celle des personnes que l’on a admirées. C’est l’histoire de la disparition de Diana Arenski, une compositrice, une femme entière, fascinante, admirée et parfois détestée. Une femme russe exubérante et fantaisiste, charismatique et iconoclaste. Nous la verrons vivre et nous la verrons disparaître.

Les Langues étrangères, c’est l’histoire de la petite ou de la grande musique qu’ils nous laissent, ces êtres aimés. Une musique intérieure qui n’est pas faite de notes, mais d’émotions. Ou bien une musique qui est tombée au moment opportun, quand le chagrin était à son apogée, et qui réveille les larmes dès qu’on en rejoue les premières notes.

Les Langues étrangères, c’est donc à la fois l’histoire de ce qu’elles nous offrent de leur vivant et de ce qu’elles nous laissent, toutes ces personnes capables de nous mener dans nos chemins de traverse, de nous tirer vers le haut. Dans Les Langues étrangères, il y aura une forme de « transsubstantiation » ou bien une « révolution » qui s’opèrera. Le corps de Diana disparaîtra, restera ce que son âme a produit. Dans le violon, l’âme est cette minuscule pièce d’épicéa qui transmet les vibrations des cordes au fond de l’instrument et permet en même temps à l’instrument de résister à la pression exercée par les cordes sur le chevalet. Or, Les Langues étrangères reposent sur la musique. Dans le funambulisme, la corde de chanvre qui se trouve enrobée par le câble d’acier tendu entre les deux mâts, s’appelle l’âme. Et Les Langues étrangères s’appuient sur la fragilité de l’art du funambule pour exprimer la fragilité de la vie.

L’âme de Diana, c’est ce quatuor qu’elle a composé pour les musiciens présents. C’est d’ailleurs cela le pari des Langues étrangères : donner à voir comment Diana annonce sa future disparition à ses proches, et ensuite donner à voir comment Diana se transforme en musique. C’est tout autant une pièce de théâtre qu’un concert.

Et pourquoi Les Langues étrangères ? Les proches de Diana sont des voyageurs, elle les a rencontrés au Liban ou en Algérie, ils viennent d’Arménie, de Russie. Ils parlent arabe, allemand, russe, chinois. Il y a la langue étrangère que représente la musique et puis la langue et le territoire étranger que représente la mort. Mais Les Langues étrangères, c’est plus que tout le langage que Diana parle et que les autres n’arrivent plus à comprendre. Le langage de la révolte, de l’engagement, tandis que tout autour de nous le monde semble ramollir, écrasé sous le poids de la résignation et de la violence. Diana remue, Diana bouscule, Diana est exigeante. Elle ne veut pas disparaître, elle ne veut pas que disparaisse ce sens de l’humanité qu’elle porte en elle. Et elle veut transmettre coûte que coûte sa force de vie.

L’originalité de cet ouvrage, de cette pièce, réside justement dans cette composition montrant que les langues qui se brouillent, par lesquelles les personnages ne se font plus attendre, sont avant tout bruitages et drevraient aboutir à cette musique qui est un langage universel, compréhensible de tous.

Nelly Lecomte, Journal